Waouh, quel superbe roman graphique que "De pierre et d'os" de Krassinsky, tiré du livre éponyme de Bérengère Cournut (que je n'ai pas encore lu). L'ouvrage est en effet magnifique sous bien des aspects : ça commence déjà avec la sublime couverture représentant l'héroïne de cette histoire, la jeune Uqsuralik portant son bébé. Ca continue en ouvrant l'album et en découvrant les belles aquarelles de l'auteur, waouh, j'en ai pris plein les yeux ! Et le troisième effet Kiss cool (là je viens de perdre les lecteurs les plus jeunes de cette chronique !), c'est cette histoire originale et touchante, qui nous fait découvrir les us et coutumes d'un peuple que nous rangeons depuis longtemps dans les stéréotypes de notre imaginaire collectif occidental : les inuits. On est ici dans le but ultime de la lecture : on voyage, et le format bande dessinée n'y change rien. Bref, une belle réussite que je ne peux que vous recommander chaudement !

Mal payés, mal considérés, mais pour certains passionnés par leur métier, 5 amis sont devenus des 'Sentaï' pour différentes raisons. Des personnages touchants, une intrigue intéressante et une critique sociale font de ce manga une pépite !

Un polar classique très sympa qui nous fait voyager et découvrir l'envers du décor des îles Marquises

Ne vous fiez pas à la mini-taille de ce livre (79 pages) : il est géant !!! « Terre errante » nous raconte une histoire qui peut paraitre extravagante au premier abord, mais qui est tellement bien amenée qu’on y croit ensuite dur comme fer : le soleil menaçant d’exploser, l’humanité décide en effet d’extraire notre planète du système solaire pour rejoindre une autre galaxie… Vaste sujet pour bien peu de pages me direz-vous, mais tout est là (et diablement efficace en plus !). Liu Cixin est connu pour être un de maitres de la hard SF, et j’étais un peu réticente à le découvrir, de peur de ne rien comprendre à ce qu’il écrit. Cette appréhension est maintenant balayée, et je vais peut-être bientôt oser me lancer dans son fameux « Problème à 3 corps ». A suivre !

De mon point de vue, "Eugène" clôt brillamment la série RIP : de ce personnage le plus détestable de tous les tomes précédents, nous découvrons l'histoire et ses failles, et ce dans toute son ambivalence. On retrouve aussi tous les acteurs des cinq albums précédents, ainsi que leurs trajectoires qui forme ici un tout cohérent. Mais ce que j'ai préféré surtout, c'est l'ambiance, noire, sale, autour de ces cadavres en décomposition dévorés par des insectes en tous genres et qui se retrouvent malgré eux au nœud de l'histoire. Ames sensibles s'abstenir donc, même si ça serait quand même dommage de passer à coté de cette super série.

"Amour, sexe et terre promise" est un album pour le moins original : il s'agit en fait d'un reportage sur l'amour dans ces deux pays à la fois si proches et si opposés. Il recense une dizaine de témoignages d'Israéliens et de palestiniens, qu'ils soient croyants ou pas, pratiquants ou non, et c'est terriblement intéressant et instructif. Cet album a le mérite de surtout faire voler en éclat la vision un peu binaire que l'on peut avoir de cette partie du monde et de ceux qui la peuplent : les liens entre humains sont beaucoup plus complexes que ça. Excellente idée d'avoir choisi de mettre ces témoignages en dessin, cela permet de mettre de la distance sur un sujet tout de même sensible. Et que dire des dernières pages, qui démontrent une nouvelle fois de part et d'autre le traumatisme gigantesque du 07 octobre 2023.

Avant dernier tome de la série "RIP", "Fanette, mal dans la peau des autres" est en fait un récapitulatif de tout ce que le chanceux lecteur a pu découvrir jusqu'à présent : on retrouve ainsi chacun des personnages des 4 albums précédents, enchevêtrés avec l'histoire personnelle de Fanette, que je l'avoue je n'ai pas trouvé très originale (flic en planque, personnage déprimée, avec son trauma, bref, elle ressemble beaucoup aux autres !). Enfin on commence à en voir le bout, et j'ai hâte de savoir comment Eugène va dénouer tout ça !

J'avoue avoir hésité avant de me lancer dans la lecture de cette bande dessinée : ne me faisais-je pas voyeuse à mon tour ? Et puis j'ai vu que Jean-Marie Villemin avait participé à l'écriture du scénario, alors je me suis dit que cela serait juste de connaitre toute cette sordide histoire de son point de vue. En cela l'ouvrage est exemplaire : il décrit bien les faits en s'appuyant sur des sources fiables (témoignages, comptes-rendus de procès). Le lecteur est vite horrifié de constater qu'une vengeance/jalousie soit passée par le meurtre d'un enfant. En cela il humanise le personnage de Grégory, petit garçon trop souvent cité comme victime plutôt que comme un petit bonhomme plein de vie qui voulait jouer avec son papa. Par contre, et c'est bien dommage, j'ai trouvé le graphisme affreux : les couleurs, le trait (épais, limite sale), franchement ce n'était vraiment pas agréable. Je ne peux en tout cas pas m'empêcher d'avoir du respect pour ce couple après tout ce qu'il a traversé, et n'oublierai jamais les avoir par hasard un jour croisés dans notre petit village de l'Essonne. Bref, une bande dessinée poignante.

Dans son roman graphique "Eclore", Aude Mermilliod nous fait partager l'histoire de son intimité, et toutes les étapes par lesquelles elle est passée plus ou moins douloureusement depuis ses jeunes années : son manque d'amour, sa première fois plus que ratée, ses différents partenaires qui chacun à leur manière ont su la faire grandir. J'éprouve un profond respect pour elle, car se mettre ainsi à nu est loin d'être évident, et je me dis que si elle l'a fait, c'est qu'elle en avait besoin. Le sujet et son traitement m'ont beaucoup fait penser à "Fraise et chocolat", d'Aurélia Aurita, par contre le trait est bien différent. Bref, un questionnement intime très féminin.

Pour moi réussite totale que ce "Racines" de Lou Lubie. Après avoir fait exploser le mythe des contes de fées et expliqué le trouble de la bipolarité, l'autrice s'attaque à un sujet en apparence inoffensif mais néanmoins épineux : les cheveux. A travers sa propre histoire de créole blanche à la tignasse indomptable, elle nous fait découvrir des problématiques qui dépassent largement le simple thème de la coiffure : l'absence totale de produits adaptés, la négation de ce sujet, voire un levier pour garder les personnes de couleur à un certain niveau... Honnêtement, l'album fait parfois froid dans le dos, mais nous apprend vraiment beaucoup et nous fait réfléchir. Mention spéciale à la magnifique couverture au fin relief ondulé sous les doigts... Bref, je recommande !