"Une vie de moche" : le titre interpelle... Francois Bégaudeau et Cécile Guillard nous racontent l'histoire de Guylaine, fille unique adorée de ses parents, protégée dans ses jeunes années de la rudesse du monde et des autres, et qui se prend tout en pleine face à l'entrée de l'adolescence : elle ne rentre pas dans les codes. Commence alors une vie de cachette afin d'éviter le regard des autres, mais vient l'envie plus forte de faire elle aussi partie du jeu et d'avoir droit à sa part de bonheur... J'ai trouvé cette bande dessinée terrible : terrible avec les obstacles que rencontrent continuellement Guylaine et contre lesquels elle ne peut rien faire ; terrible avec cette solitude qui lentement rentre dans sa vie ; et surtout dans le sens où les injustices qui nous sont ici racontées sont réelles. Le choix du monochrome marron est judicieux compte tenu du sujet, et le trait est agréable en étant un peu flou. Bref, une belle découverte, mais qui parfois sert le cœur.

J'ai découvert cette BD parce que j'avais bien aimé les précédents albums de L. Pinel ("La maison de la plage" et "Echecs" pour ne pas les citer). La couverture de "Puisqu'il faut des hommes" ne m'inspirait pas plus que cela, mais j'ai tenté quand même et grand bien m'en a pris ! J'ai adoré l'histoire de Joseph, qui revient dans son village après avoir été militaire pendant la guerre d'Algérie : mobilisé dans l'administration, on lui colle vite l'étiquette du planqué en le traitant avec mépris, surtout son père, fou de rage contre lui. En effet, pendant son absence, son frère s'est retrouvé en fauteuil à la suite d'un accident et ne peut plus aider à la ferme... J'ai trouvé l'histoire très riche et terriblement touchante, avec Joseph qui essaie de satisfaire tout le monde mais se retrouve au final terriblement seul. Le sujet du traumatisme post-guerre est très bien traité, et quelle fin ! Et j'adore le trait de L. Pinel. Bref, un gros coup de cœur que je n'avais pas vu venir !

J'ai adoré !!! Merci pour cette belle découverte.

Une BD d'un tout jeune auteur : l'histoire de Penss, un homme préhistorique, qui n'arrive pas à s'intégrer dans son clan. Un roman graphique sur la différence et sur le rapport de l'homme à la nature. Les dessins sont magnifiques !

« Lecteur, tu peux ne pas me croire, mais sache que je suis ou, du moins, j’étais un scientifique et que mon esprit rationnel souffre de ne pouvoir offrir une quelconque explication à ces réminiscences. » Nous voici plongés au cœur d’un abîme, celui de l’univers carcéral et des voyages vers des vies antérieures. Hypnotique, dérangeant, addictif, le trait tourmenté et la plume acérée de Riff Reb’s nous emporte loin des rivages de la normalité. Il nous plonge la tête sous l’eau et nos yeux grands ouverts sont abasourdis par cette vision à la fois terrifiante et fascinante. Une adaptation magistrale en BD du roman de Jack London. A découvrir d’urgence. MAB.

Vous savez que je ne suis pas trop BD, mais celle-là, je ne sais pourquoi, elle m'a tapée dans l'oeil. Je l'ai donc offerte à mon amoureux pour la saint Valentin, comme ça j'ai pu la lire ! "Les Indes fourbes", d'Ayroles et Guarnido, nous raconte l'extraordinaire histoire de Pablos, pauvre de Segovie qui part tenter sa chance sur le nouveau continent au XVIème siècle. Le problème, c'est qu'il n'est pas tout seul à chercher à faire fortune, que tout l'or des Incas a depuis longtemps disparu, et que gueux tu es, gueux tu resteras ! Il se décide tout de même à partir à la recherche de l'Eldorado... Waouh, quelle tourbillon cette BD !!! Elle nous fait voyager, rêver, et nous bluffe... quel régal ! Le dessin est beau, les couleurs magnifiques. Bref, j'ai bien fait de l'offrir à mon mari !!! Je recommande chaudement.

« Le patient », de Timothé Le Boucher, raconte la tragique histoire de Pierre, unique survivant du massacre de sa famille. Plongé adolescent dans le coma suite à ce drame, il se réveille six ans plus tard à l’hôpital, cette fois-ci dans le corps d’un adulte. Sans aucun souvenir de ce qui s’est passé la nuit du drame, il doit cependant affronter de terribles cauchemars… Ce roman graphique m’a tenue en haleine pendant une longue soirée grâce à ses personnages singuliers et à son scénario machiavélique : qui donc a bien pu massacrer la famille de Pierre ? C’est cette enquête que nous menons à travers le personnage de sa psychologue, tout en suivant la reconstruction du jeune homme. Le tout avec quelques rebondissements… ! J’ai adoré cette histoire au suspense impeccable, et au graphisme certes pas incroyable mais terriblement efficace. Je recommande chaudement !

Envoutant, onirique, sensuel et un rien féerique, c'est un très beau voyage dans un pays bien loin des contes pour enfants. Une magnifique bande-dessinée pour ados et/ou adultes, à ne pas manquer !

Et c'est parti pour la 4ème année de l'adolescence d'Esther ! Ce tome est de la même veine que les précédents, mais cette fois-ci, comme je l'ai lu dès sa sortie, je l'ai trouvé plus percutant, car faisant référence à des événements récents. Par contre il y a quelque chose qui me gêne un peu, c'est que maintenant la jeune fille qui inspire le personnage d'Esther a conscience de la notoriété de sa petite vie (l'album y fait référence). Le risque est que cela influence à terme sa façon d'être, qu'elle fasse des choses pour que celles-ci rentrent dans un prochain album, bref, que cela la change... parce que moi je l'aime bien comme elle est Esther, avec ses questionnements, mais aussi avec sa joie de vivre. Bref, à suivre !

« Les pestiférés » raconte une histoire vraiment extraordinaire : celle des habitants d’un quartier de Marseille qui, lors de la grande épidémie de peste du début du XVIIIème, se sont délibérément faits passer pour morts afin de ne pas être envahis par ceux fuyant la ville. Ils s’étaient ainsi organisés en communauté autonome, vivant quasi-librement alors que la mort régnait tout autour d’eux. Mais elle finira par les rattraper bien des années plus tard d’une toute autre manière… Je n’avais jamais entendu parler de cette histoire, tirée d’une nouvelle inachevée de Marcel Pagnol : elle est vraiment incroyable, et pleine de leçons sur la nature humaine. L’album prend le temps de nous la raconter et nous remettant bien dans le royal contexte de l’époque, et c’est vraiment passionnant. Coup de cœur !