Décidément, je suis très judaïsme et seconde guerre mondiale dans mes lectures en ce moment... Après avoir découvert l'enfance du romancier Amos Oz dans le Jérusalem des années 40, je me plonge maintenant dans ces "deux filles nues" auxquelles nous n'avez pas pu échapper si vous avez été en librairie récemment. L'histoire qui nous est racontée est là encore incroyable : celle du tableau éponyme du peintre Otto Mueller, depuis sa création en 1919 jusqu'à nos jours. Et comme vous vous y attendez, il sera question de guerre, d'antisémitisme et de spoliation... Mais là où ce roman graphique est très original, c'est que tout cela nous est raconté du point de vue du tableau : nous voyons ainsi défiler devant lui toute une histoire, notre histoire, et j'ai trouvé cela génial ! Je ne suis pas super fan du trait de Luz, mais cela ne retire rien au sujet. Bref, une super BD intelligente.

Après "Le lambeau", "1 minute 49 secondes" et "La légèreté", je complète ma lecture des témoignages des rescapés de l'attentat de Charlie Hebdo avec "Catharsis", de Luz. Loin de moi l'idée de donner une liste de préférence dans cette plongée dans l'horreur et la culpabilité de la survie. Luz choisit le moyen qu'il connait le mieux pour exprimer son désarroi, et c'est le dessin. Il est ici inégal, mais par contre on comprend très bien ce qui ce cache derrière : la peur (vais-je de nouveau être visé ?), la tristesse (mes amis me manquent), l'angoisse (Luz a vu les terroristes), la culpabilité (pourquoi moi et pas eux), et surtout la vie (qui doit continuer). Ca se lit très vite, et je dois avouer ne me laissera pas un souvenir impérissable, mais au moins ça existe.

J'ai découvert Luz avec ses récentes "Deux filles nues", et cela m'a bien qui bien donné envie de poursuivre avec ses autres livres. J'ai choisi les "Indélébiles" en hommage aux victimes de Charlie Hebdo, et j'ai drôlement bien fait. Luz nous raconte comment monté de sa province natale il fait ses débuts à "La grosse Bertha", mentoré par un Cabu qui apparait extrêmement touchant et humain. Et c'est surtout cela que j'ai apprécié dans ce livre : découvrir comment ces victimes dont je connaissais à peine les noms travaillaient, dessinaient, vivaient, et surtout s'éclataient ! C'est gai, plein de vie, ça rappelle plein de souvenirs, bref, ça fait du bien. Je crois que je vais maintenant oser me lancer dans "Cathasis", qui apparemment fait plus directement référence à l'attentat.